dimanche 15 novembre 2009

LE PRIX DU BIO DANS NOS ASSIETTES

Selon une étude menée par l'INRA en 1998, les produits issus de l'agriculture biologique étaient plus chers que les produits conventionnels de 30% en moyenne, avec des écarts très variables selon le type d'aliments. Ce différentiel résultait à la fois des spécificités de l'agriculture biologique, de l'aspect « nouveauté » et des habitudes de consommation de notre société. En effet, la production biologique demande plus d'espace, conduit à des rendements de production plus modestes, nécessite plus de main d'oeuvre, ... Qu'en est-il aujourd'hui ?

Politique des prix

En France, l'agriculture biologique a progressé, atteignant 2,12% de la surface agricole utilisée en 2008. Ce chiffre correspond à 580.000 hectares, consacrés à l'agriculture biologique. Moins de 5 % de nos surfaces agricoles produisent donc du bio... C'est peu, surtout après la mode du « mangeons bien, mangeons bio » apparue en 2000. Et moins le marché s'élargit, moins les prix du bio baissent... Pour mon panier de course de la semaine, j'ai comparé sur internet les prix. Verdict :

Produits

1er prix

Marques

Bio

1kg de farine de blé (pour les gâteaux !)

0,78 €

1,26 € (Franc…)

1,76 €

Riz blanc 500 gr (pour le régime L)

0,62 €

1,80 € (Uncle B…)

1,58 €

6 oeufs (calibre gros)

1,25 €

2,02 €(Lou.)

2,40 €

Pain de mie, 500 gr

0,82 €

2,30 €

2,30 €

Camembert 250 gr

1,80 €

2,03 € (Rustiq..)

2,95 €

Jus d'orange 1 L (100 % pur jus)

1,75 €

2,35 (Andr..)

3,28 €

Vinaigrette allégée 500ml

1,30 €

2,11 € (Lesi…)

1,50 €

Spaghetti 500gr

0,71 €

0,93 € (Panza..)

1,80 €

Avocats pas moyen de trouver du bio !

TOTAUX

9,03 €

14,8 €

17,57 €

Sur la globalité de mon petit panier, la différence de prix entre le bio et des produits « 1ers prix » varie du double! Mais si j'achète plutôt des produits de marque, la différence baisse (mais reste de l'ordre de 18 %), alors pourquoi ne pas se faire plaisir.
Par contre, attention ! Sans dénoncer quelques grands noms de magasins spécialisés dans le bio, l'écart de prix entre leurs produits et les produits bio des supermarchés (avec le label AB, rappelons-le) est de 23 %, ce qui est loin d'être négligeable…

Polémique politique

Ma liste de course n'a pas de valeur scientifique, moralisatrice ou universelle (elle n'est même pas calquée sur la liste de course du ménage moyen !) mais faites attention aux préjugés ! Et si la différence de prix diminue mais perdure encore, pensons au fait qu'un produit conventionnel ne comprend pas dans son prix de vente : le coût de restauration de la qualité des terres, voir de dépollution. Ne sont pas compris : le prix du retraitement des eaux potables chargées en nitrates, retraitement pris en charge par les contribuables ainsi que le ramassage des algues sur les plages/embouchures de rivières, …, sans parler de santé. Ces coûts sont à la charge de la collectivité, c'est dire que nous payons le prix par deux fois : chez le commerçant, et par des prélèvements publics. Avec un produit biologique, il n'y a pas de tel surcoût.

Acheter biologique est un acte profitable pour soi, pour l'économie et pour la planète, nous voici donc au cœur du Développement Durable. Promouvoir l'essor des produits biologiques par une politique incitative et inscrite dans la durée, comme l'économie l'a exigée en développant l'agriculture intensive au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, est une nécessité.

Dans ce cadre, la proposition de Nicolas Hulot de verser les aides de la PAC (Politique Agricole Commune) aux restaurateurs (à charge pour eux d'obtenir des dégrèvements s'ils achètent des produits agroalimentaires issus du bio ou de filières de qualité) est-elle une ineptie ? Peut-être pas, cette idée permettrait une certaine forme de régulation en orientant les pratiques et les consommations, dans un sens vertueux.

A nous de choisir ce qui est bon pour nous et pour nos lendemains, avec nos enfants ou… le reste.

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