Déclaration de François Bayrou
3 mai 2012
J’ai examiné depuis deux semaines l’évolution du
deuxième tour de l’élection présidentielle, au travers de la lettre que j’ai
adressée aux deux candidats, de leurs réponses, des interventions publiques et
du débat d’hier soir.
Je l’ai fait au nom d’un courant politique qui a été
soutenu au premier tour par plus de trois millions de Français. Au sein de ce
courant politique, il est des sensibilités diverses, plus à droite, plus à
gauche, très au centre. Et c’est naturel : le courant central du pays
quand il est soumis au choix impitoyable de la bipolarisation est forcément
divers.
Cette diversité, j’y tiens. Elle est notre nature
propre. C’est pourquoi je ne donnerai pas de consigne de vote. Chacun de mes
amis, chacun de mes électeurs s’exprimera en conscience. Je sais qu’il y aura
des expressions différentes. Et je les respecterai.
Je veux donc vous dire mon jugement personnel.
Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour,
s’est livré à une course-poursuite à l’extrême droite dans laquelle nous ne
retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond
et de plus précieux est bousculé et nié dans son principe. L’obsession de
l’immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip
de campagne un panneau « Douane » écrit en Français et en Arabe, qui
ne voit à quels affrontements, à quels affrontements entre Français, cela
mènera ? L’obsession des « frontières » à rétablir, comme si elles
avaient totalement disparu et que nous y avions perdu notre âme, qui ne voit
que cela conduit à la négation du projet européen auquel le centre et la
droite, autant que la gauche modérée, ont donné des décennies d’action et de
conviction ? Et quant à l’idée que l’école, ce devait être l’apprentissage des
frontières, qui ne voit que c’est une déviation même de l’idée d’école, qui est
faite au contraire pour que s’effacent les frontières entre les esprits, entre
les consciences, entre les époques ?
La ligne qu’a ainsi choisie Nicolas Sarkozy entre
les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui
sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant
politique que je représente, mais aussi les valeurs du gaullisme, autant que
celles de la droite républicaine et sociale.
Comment en est-on arrivé là ? Ce sera l’histoire de
cette élection, de cette rupture au sein du peuple français, rupture qui vient
de loin, rupture économique, sociale et morale.
Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l’indécision.
Dans ces circonstances, l’indécision est impossible.
Reste le vote pour François Hollande. C’est le choix
que je fais.
Il s’est prononcé, de manière claire, sur la
moralisation de la vie publique dans notre pays. Il aura fort à faire.
J’ai dit ce que je pensais de son programme
économique. Je ne partage pas ce programme : je pense que ce programme est
inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient, que j’ai
annoncée, je crois certaine.
Mais je pense que devant cette crise inéluctable il
n’y aura qu’une attitude possible : une unité nationale qui réunira des
femmes et des hommes venus d’horizons différents, pour permettre au pays de se
ressaisir.
Cette unité nationale, elle ne se réalisera jamais
si chacun reste dans la logique des camps anciens, une opposition en embuscade
contre une majorité dont le seul but est qu’elle se casse la figure. La
situation de notre pays, et encore davantage la situation que notre pays va
connaître est trop grave pour cela.
Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de
gauche. Je suis un homme du centre et j’entends le rester. Et je suis certain
que le jour venu, il faudra aussi qu’une partie de la droite républicaine soit
associée à ce qu’il va falloir faire pour que la France s’en sorte.
Par mon choix, je rends possible pour la première
fois depuis longtemps cette union nationale, la vraie mobilisation des Français
au service de la France.
Il appartiendra à François Hollande, s’il est élu,
de réfléchir à la situation et de prendre en compte cette nécessité pour le
pays.
S’il en reste à la gauche classique et à son
programme, je serai un opposant, dans une opposition vigilante et constructive.
Il faudra une opposition constructive, mais déterminée, quand il s’agira
d’empêcher les erreurs annoncées.
Il est des moments dans l’histoire où l’engagement
devient vital. Je crois que le moment est venu de franchir des pas
décisifs : nous devons tous, où que nous soyons, nous dépasser et nous
rassembler pour que la France se reconstruise.
2 commentaires:
Gilles Rainero
il y a 12 heures
Merci François ! Merci pour ta prise de responsabilité courageuse ce soir,
Voter Hollande, c'est le seul choix républicain possible à cause de l'attitude de N. Sarkozy en direction du F.N. Ceux qui pensent construire une force politique dans l'avenir autour du rejet des valeurs de la république en agitant les peurs et les haines n'ont qu'a bien réfléchir aux conséquences possibles d'un tel choix. Pétain, Staline et d'autres ont utilisé cette voie diviser pour mieux écraser les hommes. J'appelle mon Député Rudy Salles, je lui demande de se déterminer clairement et de prendre position, que vas -t-il faire désormais ? J'attends de savoir si il accepte de suivre la majorité UMP dans sa course aux voix FN de Marine ?
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Sami Cheniti, Rachel Maillet et 3 autres personnes aiment ça.
Walid Onizuka J'ai malheureusement garder un souvenir négatif de M. Salles qui c'était présenter aux habitants de mon quartiers comme une alternative à la politique mène à Nice. Puis a rejoins l'UMP en 2007 voyants Sarko gagner. En tant que président d'association j'ai du prendre mes responsabilités vis à vis de ses positions et me désolidariser de sa personne. Même si cette fois ci il se positionnerai autrement, ça va être difficile de croire en sa sincérité.
il y a 7 heures via mobile · J’aime · 1
Activité
Récente
Gilles est devenu ami avec Niceazurtv Nice-television.
mercredi
Le Centre est naît hier soir ? Peut-être, en tout cas les conditions sont enfin requises pour avancer et notre avenir est entre nos mains. Il a abandonné ses complexes laissé ses vieilles illusions d'un rassemblement de l'ancienne famille centriste. Non le Nouveau Centre n'est pas au centre, il était temps de s'en rendre compte, tout indique qu'il est à droite cette élection l'a clairement démontrée. Que peut-on espérer construire en commun avec des Borloo et Morin Salles, représentants 1% d'intention de vote et muselés par l'UMP ? Rien vous en conviendrez. Assez de temps perdu nos valeurs ne sont pas les leurs. Le Centre le vrai celui qui défends les valeurs Humanistes à un rôle historique à jouer dans les années à venir. Laissons à d'autres les petits calculs, construisons notre avenir. Il est dommage que encore une fois nous ne soyons pas en position de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, mais nous pouvons appeler à voter pour les valeurs communes aux républicains.
Amis Centristes cessez les lamentations, prenez vos responsabilités pour construire le centre.
G. R
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